L’impunité des auteurs d’atteintes aux droits de l’homme qui est « l’absence, en droit ou en fait, de la mise en cause de la responsabilité pénale des auteurs de violations des droits de l’homme, ainsi que de leur responsabilité civile, administrative ou disciplinaire, en ce qu’ils échappent à toute enquête tendant à permettre leur mise en accusation, leur jugement et, s’ils sont reconnus coupables, leur condamnation à des peines appropriées, y compris à réparer le préjudice subi par leurs victimes » constitue l’une des défis majeurs des sociétés en conflit ou post-conflit.

En proie à une crise politique ponctuée de violences depuis avril 2015, le Burundi a connu des cas graves de violations et d’abus des droits de l’homme dont les présumés auteurs se comptent aussi bien parmi les agents de l’Etat que parmi les groupes armés identifiés ou non. Depuis le début de cette crise jusqu’au mois d’octobre, l’Office du Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Burundi a documenté au moins 580 cas d’atteinte aux droit à la vie, 77 cas de disparition forcée, 808 cas de torture et de mauvais traitements dont la plupart n’ont pas fait l’objet d’enquêtes indépendantes et crédibles pour identifier, poursuivre les auteurs et faire accorder aux victimes, réparation pour les préjudices subis.

Cette impunité dont jouissent actuellement les auteurs d’atteintes aux droits de l’homme ainsi que les blessures profondes physiques, psychologiques ou autres, des victimes qui peineront encore longtemps à se cicatriser, peuvent d’avantage contribuer à la répétition de la violence au Burundi, en raison de la perception négative que certaines victimes ont de la justice.

Partageant l’avis de cet expert, l’Office du Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Burundi, dans ses efforts de plaidoyer et de collaboration avec le Gouvernement, encourage les autorités habilitées à mener des enquêtes indépendantes et crédibles sur tous les cas d’atteintes aux droits de l’homme qu’il documente et partage avec le Gouvernement. L’Office en appelle ce dernier à engager sans délai des poursuites judiciaires contre leurs auteurs, conformément aux obligations internationales du Burundi et ainsi qu’en dispose la loi nationale. L’Office du Haut-Commissaire se tient prêt à soutenir, en tant que de besoin, toute initiative des autorités allant dans ce sens.