Élargir l’espace démocratique:
Un défi à l’échelle mondiale, pertinence locale

Il ne peut y avoir de sociétés transparentes et participatives, fondées sur le dialogue, le pluralisme et la tolérance, que là où les acteurs étatiques et non étatiques respectent l’exercice des droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté d’opinion et d’expression, le droit à la liberté de réunion pacifique et d’association, et le droit de participer à la vie publique.


L’exercice de ces libertés est fondamental pour encourager le dialogue, pour promouvoir l’état de droit et la démocratie par la participation, et pour créer un environnement sûr et favorable, au sein duquel une société civile1 indépendante et forte puisse contribuer à la mise en place et au maintien d’un système efficace de protection des droits de l’homme.

Dans bon nombre de pays, des mécanismes publics indépendants ont été institués afin d’assurer la promotion et la protection des droits de l’homme, qui sont au cœur de ce système participatif. L’éducation aux droits de l’homme joue également un rôle central en contribuant, par le biais de stratégies préventives, à l’essor et au maintien d’un espace démocratique, ainsi qu’à la création d’un environnement favorable. Dans les États en transition, où l’espace démocratique est naissant ou limité, c’est la protection de ces libertés qui permet de juger de la volonté politique et de la capacité de changement.

Ces dernières années, les changements politiques provoqués par les manifestations populaires qui ont eu lieu dans plusieurs pays, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont conduit à l’ouverture d’espaces démocratiques, notamment grâce à une utilisation sans précédent des médias sociaux à des fins de mobilisation. Cependant, ces espaces sont souvent remis en cause, et dans certains cas, les libertés publiques sont menacées par des acteurs étatiques et non étatiques, avec une dynamique économique, politique, sociale et religieuse de plus en plus polarisée. Autant d’évolutions qui nuisent aux authentiques transitions, qui doivent être ancrées dans l’état de droit, et fondamentalement, dans l’exercice des droits de l’homme, la paix, la stabilité et la justice sociale.

Des tendances à restreindre les libertés publiques et à limiter le rôle des acteurs de la société civile ont été observées autour du monde, en particulier dans le cadre de processus électoraux ou en réaction à des manifestations contre les mesures d’austérité, la corruption ou l’injustice sociale. En outre, dans un certain nombre de pays, les politiques sécuritaires, notamment les stratégies de lutte contre le terrorisme, continuent de servir de prétextes aux gouvernements pour rogner les libertés publiques et réduire le rôle de la société civile.

Dans de tels contextes, les défenseurs des droits de l’homme comme les professionnels des médias et les militants sont souvent les premières cibles des menaces et des attaques lancées par les autorités et de plus en plus souvent, par des acteurs non étatiques, liés notamment au secteur privé. Les femmes qui défendent les droits fondamentaux sont visées lorsqu’elles remettent en question les normes socio-culturelles, les traditions, les préjugés et les stéréotypes relatifs au rôle et au statut de la femme dans la société. Dans toutes les régions, l’incitation à la haine2 et à la discrimination, le dénigrement des opposants ou la stigmatisation de catégories de population précises se font de plus en plus manifestes dans les discours politiques et sont banalisés et amplifiés par les médias, ainsi que par l’utilisation des technologies de la communication.

Les nouvelles technologies mettent à la disposition des acteurs des médias, des militants et des institutions tout un éventail de moyens pour élargir l’espace démocratique. Cependant, elles sont également porteuses de défis supplémentaires pour les droits de l’homme. Les mesures destinées à contrôler ces technologies, et ceux et celles qui les utilisent, se développent rapidement ; c’est notamment le cas des mesures qui visent à exercer une surveillance de masse, ce qui suscite des préoccupations au sujet du respect de la vie privée et de la nécessité de protéger les individus qui révèlent des atteintes aux droits de l’homme, comme les lanceurs d’alerte.


Si l’on compte aujourd’hui plus d’une centaine d’institutions nationales de défense des droits de l’homme (INDH), alors qu’on en dénombrait à peine quelques-unes il y a 20 ans, certaines souffrent d’un manque d’indépendance qui les empêche de s’acquitter avec efficacité de leur mission. Les INDH doivent être indépendantes, dotées de ressources suffisantes et armées des compétences nécessaires pour promouvoir et protéger tout l’éventail des droits, conformément aux Principes de Paris. Il est souvent difficile, pour des raisons financières ou autres, aux victimes de violations des droits de l’homme, d’accéder à la justice. Les INDH, qui sont d’accès nettement plus facile, en principe, peuvent jouer un rôle important en recevant et en examinant les plaintes individuelles en rapport avec des atteintes aux droits fondamentaux.

En dépit de la création de mécanismes et de mandats supplémentaires pour protéger les acteurs de la société civile, ceux-ci ont été l’objet ces dernières années d’actes d’intimidation et de représailles en raison de leur coopération avec l’ONU, ses représentants et ses mécanismes dans le domaine des droits de l’homme. Le Secrétaire général, déclarait, dans son rapport sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit : « les représailles et les actes d’intimidation dirigés contre des individus qui coopèrent avec les Nations Unies sont inacceptables […] Nous devons prendre des mesures à chaque niveau pour renforcer les voix de la démocratie ».

Au Burundi, le réseau national des observateurs des droits de l'homme permet de renforcer la protection des droits de l’homme dans les 18 provinces du pays.

Malgré l’environnement difficile dans lequel il travaille, le Réseau national des 59 observateurs des droits de l’homme surveille et élabore des rapports sur la situation des droits de l’homme. Son travail est fondamental pour l’information sur les violations et abus des droits de l’homme qui surviennent dans le pays y compris dans les zones reculées.

L'OHCDH-Burundi organise régulièrement des activités de renforcement des capacités en droits de l'homme à l’intention des membres du Réseau national des observateurs de droits de l'homme, en collaboration avec le Comité de pilotage du Projet PBF. Depuis février 2016, des missions conjointes de surveillance et d’évaluation des activités des observateurs des droits de l'homme sont conduites sur terrain à travers le territoire national.

Formation du Pool des journalistes pour les droits de l’homme

L’OHCDH offre aux professionnels des media exerçant au Burundi ou couvrant le Burundi, une formation intense en droits de l’homme. Cette formation comprendra des modules de 2 à 3 jours sur différentes thématiques ainsi que des techniques de rapportage et stratégies de communication sur les droits de l’homme. D’autres sujets d’intérêt sont le rôle des professionnels des media dans les processus de paix et de réconciliation, la promotion des droits de l’homme.